A l’heure du coronavirus, Damien Verdier, la boussole du GPS

Publication dans  « Les Échos » du 23 mars 2020 d’un portait de Damien Verdier, président du GPS, par Antoine Boudet

Il est le nouveau président du Groupement des professions de services, le GPS. Ce rassemblement, pour le moins hétéroclite, de pas moins de 24 fédérations et associations professionnelles, représente celles et ceux, en dehors du milieu médical et paramédical, qui sont actuellement en première ligne dans cette « guerre » contre le coronavirus.

Nul ne dira, bien sûr, que la pandémie de Covid-19 est une bénédiction ! A l’heure où le monde est fermé, pour paraphraser le titre de « Une » de la livraison hebdomadaire de « The Economist », trop de morts, trop de malades, trop de personnes confinées, trop d’entreprises au bord du gouffre… Mais quand viendra le temps de tirer les enseignements de cette crise, il est un homme, parmi d’autres, qui pourra, sinon se réjouir, au moins se satisfaire de ce que le coronavirus aura rappelé sans ménagement à toutes et tous: à savoir, rendre service doit être placé au-dessus de tout.

Cet homme, c’est Damien Verdier, le nouveau président du Groupement des professions de services, le GPS. Ce rassemblement, pour le moins hétéroclite, de pas moins de 24 fédérations et associations professionnelles, représente celles et ceux, en dehors du milieu médical et paramédical, actuellement en première ligne dans cette « guerre » contre le coronavirus, pour rependre le terme maintes fois répété par le Président de la République Emmanuel Macron dans son intervention télévisée lundi 16 mars: préparateurs dans les entrepôts, chauffeurs routiers, hôtes et hôtesses de caisses dans les supermarchés, aides à domiciles, hôteliers accueillant des SDF… et tant d’autres.

Inspiré par Pierre Bellon, fondateur de Sodexo

Damien Verdier est, lui, au service du groupe Sodexo depuis 42 ans. Lorsqu’il y a débuté sa carrière à Nantes en 1979, au terme d’un Master Business and Economics délivré par Audencia, l’entreprise, fondée par Pierre Bellon en 1966, comptait 16.000 salariés. Elle en a aujourd’hui 470.000 à travers le monde. Parallèlement à son ascension au sein de ce qui est devenu au fil des ans un géant de la restauration collective et des services aux entreprises et aux employés, Damien Verdier a accompagné Pierre Bellon dans sa croisade pour faire reconnaître le secteur des services comme un rouage essentiel de nos économies. « Cet homme m’a nourri », se réjouit-il, et sa présence, malgré son grand âge, lors de la passation de pouvoir au GPS l’a particulièrement touché.

C’est avec Pierre Bellon dans le Comité de liaison des services (CLS) au sein du CNPF, l’ancêtre du Medef, qu’il contribuera à un rapport pour le Conseil économique et social. C’est encore sous son impulsion que Damien Verdier participera à la création du GPS, et qu’il présidera le groupe de travail « Services » au sein de l’association patronale européenne Business Europe. Il y vivra le grand malentendu autour de la directive Bolkenstein. Quand ses rédacteurs caressaient l’idée de créer une Europe des Services, ses détracteurs y voyaient une nouvelle illustration de l’ultra-libéralisme avec ses travailleurs détachés.

Cinq priorités pour les Services

« Une confusion », regrette Damien Verdier qui s’est fait élire à la présidence du GPS sur la base de plusieurs convictions. La première d’entre elle est la nécessité absolue pour les pouvoirs publics de porter attention aux métiers de services, comme le rappelle cruellement l’épidémie de Covid-19. Avant que cette crise n’éclate, «80% des créations nettes d’emplois » en France étaient générés par les entreprises de service, rappelle le président du GPS. Pourvoyeuses d’emplois, elles sont aussi génératrices de lien social. Dans l’Hexagone, un quart des salariés de Sodexo (27% précisément) vient des 140 quartiers prioritaires, souligne Damien Verdier.

A 63 ans, ce père de quatre enfants et grand-père de trois petits-enfants, encore membre du Comex du groupe désormais dirigé par Denis Machuel, aurait pu tranquillement organisé sa retraite. Amoureux de la Bretagne, et particulièrement du Pays bigouden, il aurait pu s’y adonner davantage à sa passion pour la cuisine, un virus contracté auprès des chefs, petits et grands, qu’il côtoie depuis des décennies chez Sodexo.

Mais le voilà encore au service des Services, avec cinq priorités: accompagner la mutation des métiers; assurer l’ancrage des services dans les territoires; améliorer la compétitivité des entreprises, notamment par une politique fiscale mieux adaptée; améliorer la protection sociale d’employés parfois précaires; enfin, renforcer la responsabilité sociétale et environnementale des entreprises. Et sur ce thème là aussi Damien Verdier sait de quoi il parle. Il a créé, aux côtés du WWF et d’autres entreprises, et préside l’ « International Food Waste Coalition », afin de lutter contre le gaspillage alimentaire.

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